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Ternoise auto-édition

Dystopie France 2021 Le roman de la rentrée littéraire indépendante

La dystopie de Ternoise, auto-édition par convictions

dystopie publiée en 2021


"2999-3049" par Thomas Ternoise.


Disponible en papier à 16 euros et en numérique à 3 euros 99 sur Accès au livre sur Amazon.

Lecture du chapitre 1 par l'auteur :






Extrait écrit :
V – Les faits

Des milliers d’avions se sont naturellement écrasés, déclenchant naturellement des incendies majeurs, sans intervention des robots-pompiers. Londres et Lyon furent "de nouveau" ravagés, avec des millions d’humains encerclés par les flammes, brûlés vifs. Des forêts, décimées, forcément. Des nuages de fumées ont recouvert la planète durant plusieurs mois, aggravant encore les troubles respiratoires. Les ascenseurs devaient résister aux attentats (inconnus depuis des générations), constituer des abris inviolables, ils furent des cercueils pour des millions d’usagers. Incassable, même les vitres, l’automobile 100% sécurisée démontra sa fiabilité ; portes bloquées ; aucune sortie possible sans impulsion électrique. Métros, tramways, navettes, bus, même sanction. Ce ne fut pas de chance pour celles et ceux surpris dans une cabine de décontamination. Naturellement, aucun robot n’avait répondu aux appels au secours.

Malgré les grands principes, les chartes déontologiques, naturellement aucune autorisation officielle n’avait été demandée. Une autre oligarchie, de spécialistes, se considérait tout permis, « pour offrir au monde les progrès, nous devons contourner les freins des rabat-joie. » Grégoire et Stanislas figuraient dans ce cercle restreint. Bénéficiaient ainsi d’une partie des privilèges des membres du CMM, dont celle de pouvoir stopper l’enregistrement de leur vie. Uniquement dans le cadre de leur activité professionnelle. Tout en restant impérativement géolocalisés.
Cette possible discrétion prévalait pour une évidente question d’espionnage entre les sept empires. Les observateurs les plus objectifs considéraient d’ailleurs cette pratique raisonnable, ne lésant personne. L’égalité de principe, des textes originaux, inapplicable dans les faits, avait été amendée. Un égalitarisme bête et méchant n’aboutissant qu’à un nivellement par le bas.
Les scientifiques expliquaient parfois l’impossibilité de procéder autrement, on ne parle même pas d’informer l’opinion publique mais des ministres, députés, diplomates, également dépassés par les ressorts et enjeux.

Les empires vivaient en paix, en concurrence loyale, mais tous redoutaient une trahison, la découverte d’une arme de nouvelle génération, indétectable et sans riposte possible. Ce risque justifiait la priorité toujours accordée à la recherche militaire, les sacrifices du moment, conditions impératives du bonheur futur. Sans oublier celui du présent. Dans le classement selon le critère du Bonheur National, la France restait en tête. Peut-être grâce aux ritournelles quotidiennes « je suis heureux, tout va bien, je fais tout tout ce qui me plaît, j’ai l’esprit libéré, je mange à volonté, le Président m’a offert l’abonnement à la chaîne du sport et des variétés. »

Comme tout bâtiment de sécurité 1, le palais résistait aux attaques même bactériologiques, ne laissait « absolument rien passer. » Les privilégiés de l’Élysée le comprendraient plus tard : ils furent sauvés grâce aux migraines de leur Jupiter, coupant régulièrement l’air conditionné, liberté chagrinant le service de sécurité et de nombreux accompagnateurs, comme on appelait les employés dans la langue administrative. « L’air impur me réussit mieux » concédait-il aux invités osant remarquer cette incongruité. Il existait pourtant une pilule radicale contre ces douleurs mais il la refusait. Des migraines comme élément fondamental du sort de notre pays !

En quelques heures, les centres de stockage accessibles furent pillés. Aucun système de contrôle, d’alarme, des robots paralysés : les citoyens les plus audacieux redécouvraient la délinquance. Cette liberté électrisait les pillards, persuadés de saisir une occasion unique avant le retour du monde sécurisé. Une euphorie de l’interdit. « Ce fut comme si une folie nous était entrée dans la tête » avouent de nombreux témoignages. Ces vols frisèrent l’inutile, tant la pourriture de la décongélation en espace oxygéné était fulgurante. Une partie de la population les invectivait « bandes de crétins, les bornes enregistrent tout. Je n’aimerais pas être à votre place le jour où vous recevrez la notification de votre déclassement et l’échelle des sanctions. Éloignez-vous d’ici, jeunes fous, on ne veut pas être considérés complices. »
Dans cette époque sans gendarme ni prison, sans avocat ni juge ni peine de mort, chaque mauvaise action répertoriée influait sur la note générale, le classement. L’échelle des sanctions, corollaire de la nature et la gravité des fautes, s’exprimait en temps, intensité et occurrence, s’imposait au cerveau. Par exemple 52-24-3 signifiait 52 secondes de 24 volts 3 fois, soit 3 jours consécutifs. Série numérique suivie d’une lettre, I ou D ; I pour une exécution immédiate et D, différée, le lendemain. I avec plus d’un signifiant logiquement une suite, toujours à midi. La punition restait imprimée une semaine sur la paume de la main gauche. Publicité sociale. Aucune dose létale. La crainte de la douleur différée entraînait de nombreux suicides. Se jeter d’un pont à 11 heures 59 constituant la méthode la plus fréquente. Pourtant se rendre dans un centre de fin de vie volontaire, octroyait un bonus de 300 unités aux héritiers. Tout le monde connaissait la loi et les peines encourues. Midi, l’heure des cris. Une petite décharge sanctionnait la pensée « l’heure des crimes. » Depuis deux siècles les micropuces détectaient les mauvaises pensées. Les mauvaises pensées ne sont pas dignes de l’humanité évoluée, vous devez vous raisonner. Nous vous conseillons de vous abonner au Canal Sagesse. Cette réglementation constituait une part prépondérante du travail des parlementaires. Naturellement, les décharges immédiates visaient à interrompre net un délit.
À l’origine il existait des doses mortelles. En cas de violence excessive, dont celle suivie de blessures. La tentative de retirer une puce sur soi ou sur d’autres, qu’ils soient vivants ou matériels. L’outrage aux élus nationaux (Président au niveau 1, et niveau 2 députés, membres du gouvernement ; furent intégrés l’épouse, les parents et enfants du Président). L’allumage d’un feu. Le complot visant la sécurité générale. Toute rébellion contre l’ordre.
Le principe de réaction graduelle fut immédiatement instauré, la répétition d’une faute entraînant une intensité plus élevée. Ainsi pour la conservation d’aliments une demi-heure après le service, un délit mineur mais à la punition nécessaire afin d’éviter le développement de bactéries, un danger dépassant le risque individuel, pouvant affecter l’ensemble de la communauté. On peut comprendre, dans ce système, la tentation de ne pas payer pour un déchet minime, voué à rapidement devenir poussière. Mais on ne berne pas une borne individuelle capable de détecter la formation d’une moisissure.
Les enfants étaient naturellement les plus sanctionnés, après leurs deux ans, avant la faute incombant totalement aux parents. Ils apprenaient ainsi les bases essentielles du savoir-vivre par ces peines à la tension adaptée à leurs veines, leur fragilité. Jusqu’à leur six ans, un grand nombre conservaient, souvent par jeu, des miettes ou se bagarraient. Certains, les « esprits obtus », pensaient pouvoir vaincre l’autorité, se lançaient le défi de maîtriser la douleur. Une dose de niveau nettement plus élevé les ramenait le plus souvent dans le droit chemin. Le suicide des enfants fut rare. Mais néanmoins se produisait. On ignore pourquoi des mômes de six, huit ou dix ans refusaient de céder. À cet âge, les doses pouvaient devenir mortelles. On parlait d’accident, jamais de peine de mort.
Excepté quand la sanction devait atteindre des niveaux déjà difficilement soutenables par un adulte, toute punition d’un garçon de moins de douze ans ou d’une fille de moins d’onze, entraînait la même aux parents. Pour manquement à leur devoir de bonne éducation. Procréer, c’était également accepter des responsabilités. D’autres pays considéraient l’adolescence de plus en plus précoce et avaient abaissé l’âge des co-sanctions à dix ans. Naturellement, il existait des exceptions, les plus riches déléguaient l’éducation de leurs enfants à des précepteurs.
La peine de mort fut décrétée contraire à l’éthique de la République Assagie, abolie, quand l’habitude et l’amélioration des logiciels, la capacité de compréhension des puces, aptes à réagir avant tout acte extrême, raréfièrent les fautes intolérables.
La commission de suivi ayant noté la corrélation entre suicides et programmation d’une charge dissuasive, pouvant apparaître insupportable, plus élevée qu’une précédente source de migraines et tremblements durant plusieurs jours. C’était un élément fondamental de la liberté individuelle, chacun possédant la liberté fondamentale de sortir de la vie s’il considérait l’ordre et la justice inacceptables. Chacun pouvait également demander à partir vivre ailleurs. Il suffisait de payer les frais de dossier. Seuls les membres du CMM obtenaient satisfaction. Des bruits circulaient parfois, les vraies fake news, de l’immigration possible à Cuba ou au Tongo.
Chaque État édictant ses lois, tout citoyen obtenant un droit de séjour devait naturellement accepter la communication de son historique et l’application des peines en vigueur sur la terre d’accueil. Les Pyrénées, propriété des Auréliens depuis le XXVe siècle et les Alpes acquises à la même époque par les Arno, constituaient les deux grands axes du tourisme national, adorés par la clientèle mondiale, la neige artificielle ayant avantageusement remplacé la naturelle. Quant aux sportifs les plus recherchés, ils pouvaient se permettre de faire monter les enchères également du côté du nombre de privilèges, même si à la fin l’honneur de porter la tunique d’un club du Qatar enlevait souvent la décision.

Toutes les études le confirment : l’homme est ainsi devenu meilleur. Même les groupes réticents à l’origine ont dû le reconnaître. La violence, le vol et la colère, défauts majeurs des humains non contrôlés, furent ainsi éradiqués.
Observer les actuels comportements quotidiens peut nous inciter à regretter ses effets bénéfiques. La technologie n’était pas mauvaise en soi, la justice rendue par des humains ayant partout et toujours été tellement corrompue, c’est sa mise en pratique par et pour l’oligarchie, pour immortaliser des procédés, des confiscations, indignes, qui fut combattue par La France Harmonieuse. Les humains ont-ils vraiment besoin d’une surveillance pour se comporter honorablement ? Nous sommes quelques-uns à difficilement comprendre les méfaits de nos contemporains. La liberté, ils la considèrent celle d’être le plus rusé, retors, avide, cruel. L’engrenage du cercle malsain de ces comportements est pourtant évident et devrait inciter chacun à retenir des désirs incompatibles avec le respect dû aux autres, contrepartie du respect attendu des autres. Cette approche ne parvient pas à convaincre. On me traite de "bizounours", le terme, semble-t-il inventé par un gamin, s’est répandu comme au temps des "réseaux sociaux".

*

Les robinets d’eau courante, potable et boissons fruitées se sont également immédiatement taris. L’usage de boire le plus possible l’eau de pluie, incontestablement la plus saine, donc de sa récupération maximale, retarda cette partie du problème alimentaire. L’eau prétendue potable, cinq litres autorisés par jour, par personne ; buvez hydratez, buvez éliminez ! étant ainsi utilisée pour l’hygiène intime. Les boissons fruitées, principalement le jus de raisin, constituant un luxe, le litre équivalent à huit repas de base. Ce furent pour beaucoup des jours de jeûne. Puis quand la faim et la soif devinrent tenaillantes, des corps affaiblis se risquaient dans une véritable jungle, tombaient le plus souvent au premier guet-apens.

Si peu d’affamés ont tué leur chat, leur chien, leur poisson rouge, l’attaque de ceux d’une bande rivale constitua l’ultime étape avant le passage au cannibalisme, les zoos "à vieilles grilles" ayant rapidement été vidés. On semble admettre l’organisation rapide en gangs : quartiers, rues, résidences, se sont unis « contre les autres », soupçonnés d’être responsables, de cacher la vérité et des denrées alimentaires ou tenter un coup d’État.
On mesure aujourd’hui la chance des « zoos à barrières électroniques », même si leur soudaine "ouverture" constitua un autre drame, disséminant lions, tigres, léopards, jaguars, loups dont les humains constituèrent des proies "faute de mieux", avant leur éparpillement dans les grandes forêts où "malgré tout" suffisamment d’espèces inférieures leur conviennent. Cette libération permit le retour à la nature de pigeons et tourterelles, espèces massacrées, accusées, peu avant le septième très grand confinement, de transmettre le plus virulent et ravageur virus de l’Histoire.

Quant aux campagnes, quasi désertiques, elles s’étaient prestement réorganisées, le « bon sens terrien » selon nos chroniqueurs, les « gestes ancestraux » revenant. Comme frotter des pierres pour obtenir une étincelle, puis entretenir un feu avec du bois, pratique rigoureusement interdite depuis les lois du "zéro rejet". Même si la réorganisation fut d’ordre féodal en de nombreuses contrées. Nous y reviendrons.
Sur le forum auto-edition 01 octobre 2021 : Science-fiction Ira Levin Un bonheur insoutenable à Ternoise 2021 Dystopie.

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